Pour rappel, voici un article du Quotidien de la Réunion, concernant le quartier de la Chatoire, au Tampon.

23/08/17 – 06h05 – Yves Bosquet, Président des Amis de l’Université

Le Tampon, projet de cinema a la Chatoire pres de la future gare routiere, multiplex
Photo Patrick Georget

Et si l’histoire de La Chatoire du Tampon vous était contée

122 30 habitants de la ville du Tampon vivent dans le quartier de La Chatoire; cela signifie-t-il qu’ils voisinent avec chats, chattes ou chatons?

Allons donc! Ce sympathique quartier du Tampon s’est considérablement développé ces dernières années. Mais avant de devenir une ville dans la ville, ce quartier était une vaste friche inhabitée, repaire des chats d’une espèce particulière peut-être.

Eh bien, non, aucunement! Figurez-vous qu’il aurait plutôt à voir avec les abeilles.

Au cours de la série de conférences «Zistoires mon Kartié» qu’il tient chaque semaine à la MJC (le mardi), à Trois-Mares (le mercredi) et à la Chatoire précisément (le vendredi) jusqu’au 8 septembre, Enis Rockel, le guide-conférencier bien connu de tous les amateurs d’histoire, a pu éclairer le public «piqué»… de curiosité, s’entend.

Frédéric Godefroy révèle, en effet, dans son Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle (1881) que le mot «chastoire», – orthographié aussi chatoire, catoire, cathoire, cattoire…– est bien lié aux ruches, dans le sens de cavité, de creux où s’installent les abeilles. Dans le Dictionnaire du Moyen Français de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Pierre Cromer précise, lui, qu’en Picardie, la chastoire, en tant que ruche prend par extension le sens de «refuge», de «repaire».

Il n’est pas banal de mentionner, ajoute Enis Rockel, que dans le premier texte législatif de l’histoire de la Réunion, le vice-roi français Jacob de La Haye rappelait aux habitants, en juin1 671: «Défense de détruire des essaims d’abeilles qu’on trouve dans les creux des bois de forêts».

Si le quartier de la Chatoire porte ce nom depuis les temps lointains où il était inhabité, il est vraisemblable que la présence d’une très grande caverne y est pour beaucoup. Cette chatoire, donc, a d’ailleurs été utilisée comme repaire, comme refuge, par la bande du terrible Sitarane, dans les années 1906 à 1910.

«J’ai eu l’occasion de la visiter, dit Enis, avant que les travaux de la construction d’une route n’y soient entrepris. Elle était immense! Un tunnel de lave, à cet endroit-là, ressemblait à une grotte en forme de cathédrale –on pourrait loger un grand bus à l’intérieur, s’est exprimé le policier municipal qui m’accompagnait –. Après les travaux de la route, il en restait moins de la moitié. Hélas, avec la construction d’une Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours sur le site, ce qui restait de la grotte de la ‘‘chatoire?‘‘, a été comblé et il n’en subsiste plus rien, hélas! Sauf le nom».

Vous voilà surpris? Chat alors!